Mariage gay disséqué
Philippe Geuring, le président de l’UDAF, organise un débat contradictoire sur le mariage gay demain soir à Bar-le-Duc avec deux personnalités spécialistes de la question.
En général, dans la salle d’attente d’un dentiste, on s’attend plutôt à trouver des hebdomadaires comme Paris Match, Le Point, le Nouvel Obs. Pas dans le cabinet de Philippe Geuring, le praticien barisien laisse à lire à ses patients Politis, la revue de la Gauche radicale. Ça vous pose un personnage. Forcément, dans l’univers des associations familiales, le président de l’UDAF Meuse (Union départementale des associations familiales) détonne. Sa position sur le mariage gay aussi. Il est pour. Le dentiste organise une conférence-débat demain à 20 h 30 sur le sujet dans la salle de conférence de la chambre de commerce et d’industrie parc Bradfer à Bar-le-Duc. La soirée verra s’affronter Caroline Mécary, avocate au barreau de Paris, conseillère régionale Europe-Ecologie Les Verts et figure militante active de la cause homosexuelle, à Jean-Marie Andres, consultant, membre du bureau et ancien vice-président de la Confédération des associations familiales catholiques.
« Durant le débat, je jouerai le rôle de régulateur. Nous aborderons le sujet du mariage et la question de l’adoption et de la filiation. Le public sera invité à participer directement au débat, je veillerai à ce qu’il se déroule dans un climat serein et dans la courtoisie », indique le président de l’UDAF.
Trop optimiste ? N’a-t-il pas reçu un coup d’un agent de la DCRI (Direction centrale du renseignement intérieur) lui demandant s’il ne risquait pas d’être débordé par le nombre élevé de personnes qui veulent participer au débat ? Les milieux catholiques hostiles au mariage gay seraient particulièrement mobilisés pour faire entendre leur voix lors du débat.
« J’ai trouvé certaines déclarations affligeantes : les homos n’ont qu’à se faire greffer un utérus »
Avant de se rendre tablier en juin prochain, il ne sollicitera pas de nouveau mandat, Philippe Geuring veut, par cette conférence, apporter le maximum d’information aux membres de l’UDAF sur le sujet. Tous les adhérents seront appelés à exprimer leur point de vue sur la question dans les urnes. « À la différence de nos instances nationales, je préfère qu’au niveau départemental s’exerce la démocratie », persifle le dentiste. Il n’a guère goûté que les dirigeants de l’UNAF (Union nationale des associations familiales) expriment leur opposition au mariage gay sans avoir consulté, au préalable, la base. Ni les propos entendus lors d’une réunion nationale qui réunissait tous les directeurs et les présidents des UDAF de l’Hexagone. « J’ai trouvé certaines déclarations affligeantes. L’un des présidents a lâché ceci : « S’ils veulent des enfants, les homos n’ont qu’à se faire greffer un utérus ! » Un autre a déclaré qu’avec cette nouvelle loi, on ouvrait la porte à la polygamie. On parlerait bientôt plus de couple mais de trouple ou de crouple… »
Le débat de demain soir devrait être, étant donné la qualité des contradicteurs, d’un tout autre niveau.
Quizz aux élus
« Je vais aller à la rencontre des quatre parlementaires du département afin qu’ils me donnent leur point de vue sur le mariage pour tous. Je vais leur soumettre un quizz pour « vérifier » leurs connaissances sur le sujet », rapporte Philippe Geuring, le président de l’UDAF.
Les membres de l’UDAF se sont fortement mobilisés pour faire de ce débat un succès en terme d’affluence. Ils ont distribué 9.000 tracts dans les boites aux lettres et lancé 600 invitations aux élus et aux personnalités locales.