La Halde saisie pour protéger les femmes

Max Staat
Loin d’être juste et équitable, le projet de loi du gouvernement sur les retraites reproduit et amplifie les inégalités dont souffrent les femmes en matière de carrières et de pensions.

« Face à un projet de loi sur les retraites s’inscrivant dans une logique d’asservissement de l’État à une économie ultralibérale et qui est particulièrement discriminatoire envers les femmes, nous saisissons la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité » (Halde), déclare Caroline Mécary, présidente de la Fondation Copernic, lors d’une conférence de presse donnée hier à l’Assemblée nationale, à la veille du débat sur les retraites. Avec, à ses côtés, Pierre Khalfa, du syndicat Solidaires, Christiane Marty, d’Attac, les députés Marie-George Buffet et Roland Muzeau, du PCF, et Martine Billard, du Parti de gauche, les arguments, chiffres à l’appui, sont apportés comme autant d’évidences que les femmes seront les premières victimes du projet de loi sur les retraites.

Pour Christiane Marty, « le gouvernement parle de projet équitable mais, dans les faits, celui-ci reproduit et même amplifie les inégalités existantes ». Aujourd’hui, affirme-t-elle, « si le salaire des femmes est, en moyenne, égal à 80 % de celui des hommes, pour les pensions, ce chiffre tombe à 62 %». Et les mesures prévues vont « aggraver la situation ».

Ainsi de l’allongement de la durée de cotisation et du report de 60 à 62 ans de l’âge légal du départ à la retraite. Les chiffres officiels montrent que, parmi les retraités, seuls 44 % des femmes, contre 86 % des hommes, ont réussi à valider une carrière complète et que, parmi ceux qui subissent une décote importante, 45 % sont des femmes et 28 % sont des hommes. Tout allongement de la durée de cotisation, tout report de l’âge de départ, se traduirait, particulièrement pour les femmes, par un départ encore plus tardif à la retraite ou une décote plus importante sur les pensions.

C’est l’ensemble de ces raisons qui amène les associations regroupées au sein du collectif national « Faire entendre les exigences pour une autre retraite » à saisir, avec le soutien de députés PCF, PS, Verts, Parti de gauche et de la Fase, la Halde pour « discrimination indirecte envers les femmes ». Marie-George Buffet, saluant « cette initiative qui donne à voir notre détermination à battre ce projet », souhaite dans l’immédiat « la poursuite et l’amplification du mouvement social ». Face à une loi qui va, selon Caroline Mécary, « paupériser davantage la population, notamment les femmes », le collectif, au-delà de la saisine de la Halde, entend utiliser toutes les possibilités : celle des luttes, celle de la votation citoyenne si nécessaire, celle de l’exigence d’un référendum et celle du droit en introduisant des recours auprès de toutes les juridictions pour battre ce projet de loi.