Crash de Quiberon : les familles des victimes font appel d’un non-lieu

RENNES (AFP) – Les familles des victimes d’une collision aérienne, en juillet 1998 au-dessus de la baie de Quiberon (Morbihan), ont fait appel jeudi d’une ordonnance de non-lieu de décembre 2001 devant la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Rennes, a-t-on appris de source judiciaire.

Les familles des victimes, qui souhaitent la mise en examen de la compagnie aérienne Proteus Air Lines, voudraient une réouverture de l’instruction.

La décision de la chambre de l’instruction a été mise en délibéré au 3 avril.

Le 30 juillet 1998, un Beechcraft de la société Proteus Air Lines, qui effectuait la liaison Lyon-Lorient, était entré en collision en vol au large de Quiberon avec un petit Cessna 177. L’accident avait fait quinze morts, dont les trois pilotes, quatre enfants et une femme enceinte.

Après une expertise et un rapport du bureau enquête accident (BEA) qui pointaient un manuel de navigation « pas suffisamment explicite » dans les réglementations de sécurité, puis la mise en examen de sept dirigeants de la compagnie aérienne Proteus Air Lines pour « homicide involontaire » et « mise en danger de la vie d’autrui », la juge d’instruction Katherine Le Port avait rendu le 31 décembre 2001 à Lorient une ordonnance de non-lieu.

L’ordonnance concluait à une extinction de l’action publique du fait que les pilotes, à l’origine de l’accident, étaient décédés dans la collision.

L’enquête sur le crash avait établi qu’à la demande d’un passager, les pilotes avaient modifié leur plan de vol et débranché le pilote automatique, navigant à vue, pour effectuer un tour au-dessus du paquebot « Norway ». Trop bas, ils n’avaient pu éviter le petit avion qui lui-même les avait vus trop tard.

« Nous voulons que la justice reconnaisse la responsabilité de la compagnie aérienne car l’accident n’est pas dû au hasard », a expliqué jeudi à l’AFP Denis Bouthillon, qui a perdu son frère dans l’accident.

« Une faute a été commise. La pratique du vol à vue pour le transport public de passagers était interdite et les pilotes de la compagnie n’en ont pas été informés », a plaidé Me Caroline Mécary, avocate des parties civiles qui a également mis en cause la politique commerciale « agressive » de Proteus.

« Les cadres de la compagnie étant étrangers à la décision des pilotes de modifier leur plan de vol, aucune charge ne peut donc être retenue contre eux », a argumenté Me Frédérique Pons, avocate des cadres qui avaient été mis en examen et de la compagnie, en demandant la confirmation de l’ordonnance de non-lieu.

L’avocat général a également demandé de son côté la confirmation de l’ordonnance de non-lieu.

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