A Lyon, l’homoparentalité mobilise les jeunes mais pas les élus

LYON (AFP) – La conférence était prévue pour eux, mais les élus ne sont pas venus. En revanche, les jeunes homosexuel(le)s étaient nombreux jeudi soir à Lyon pour discuter des réalités de l’homoparentalité, a constaté une journaliste de l’AFP.

« C’est la première fois qu’on organise une réunion publique sur ce thème à Lyon », explique Evelyne Jamet, une responsable locale de l’Association des parents et futurs parents gays et lesbiens (APGL). L’association organise la conférence dans le cadre de la « Fière semaine » de la « Lesbian and gay pride » lyonnaise.

« Nous avions invité les maires, les députés, les présidents des conseils généraux du Rhône et des départements limitrophes… Personne n’est venu. Beaucoup ne se sont pas donné la peine de répondre, et même l’adjointe déléguée par le maire de Lyon s’est désistée au dernier moment », regrette-t-elle.

« Nous voulions qu’ils aient accès à cette réalité, qu’ils sachent que l’homoparentalité n’est pas seulement une revendication », ajoute cette mère d’un petit garçon de 9 ans, qu’elle a pu adopter en Roumanie en taisant l’existence de sa compagne.

Une centaine de personnes, parmi lesquelles une grande majorité de jeunes femmes, ont cependant suivi les trois heures de débats dans la salle de conférence du Théâtre des jeunes années, où seuls le rose fuchsia des fauteuils et un tout petit drapeau « arc-en-ciel » venaient rompre l’austérité.

« C’est encourageant de voir ces jeunes. Cela montre que les débats actuels commencent à faire sauter les verrous dans la tête des homosexuels, et c’est déjà un grand pas. Moi, je me le suis longtemps interdit », explique Marie-Pierre Micoud, autre militante de l’APGL, mère d’un petit garçon de 22 mois conçu par insémination artificielle en Belgique.

Colonisant une rangée de sièges, un groupe de jeunes femmes d’une vingtaine d’années écoute attentivement. « Moi, je ne me pose même pas la question: le jour où j’aurais rencontré la femme de ma vie, on aura des enfants. Plein d’enfants… », annonce l’une d’elles.

Pour exposer les « réalités sociales et juridiques de l’homoparentalité », l’APGL avait fait appel à deux sociologues, une anthropologue et une avocate.

L’intervention de cette dernière, Me Caroline Mécary, avocate de Noël Mamère, sur les moyens actuels de créer un lien juridique entre l’enfant et son « parent social », concubin(e) du parent biologique ou adoptif, a suscité une volée de questions très concrètes.

« Entre les grands-parents et la compagne de la mère, à qui la loi donne-t-elle la prééminence ? », « Quelle est la différence entre la délégation et le partage de l’autorité parentale ? »…

Dans le fond de la salle, une femme venue avec sa compagne enceinte sourit: « Toutes ces lois sont tellement hypocrites. Regardez la Caisse d’allocations familiales: quand il s’agit de calculer les alloc’ pour le petit, il n’y a aucun problème pour me déclarer +conjoint+ et enregistrer mes revenus. »

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