Mécary, avocate pasionaria de la cause homosexuelle, rêve d’entrer en politique
Par Béatrix BACONNIER
PARIS (AFP) – « Homos, hétéros, même droits, même lois »: la devise de l’avocate Caroline Mécary résume le combat obstiné qu’elle mène devant la justice pour défendre la cause homosexuelle et qu’elle rêve de poursuivre dans l’arène politique.
Née il y a 48 ans à Paris d’une mère française et d’un père libanais dont elle devient orpheline à 13 ans, Caroline Mécary, aînée d’une fratrie de cinq, est avocate par « vocation », découverte au lycée.
Inscrite au barreau de Paris, elle défend depuis 20 ans les « nouvelles familles » afin que le droit français autorise le mariage des homosexuels et leur ouvre le droit à l’adoption.
« Mon combat est politique », affirme-t-elle à l’AFP.
« Depuis dix ans, la perception par la société des questions relatives à l’homosexualité a beaucoup changé », analyse-t-elle. Une évolution due « au vote du Pacs, puis au mariage (célébré par Noël Mamère) de Bègles en 2004 » d’un couple de gays dont elle est l’avocate.
Mais si la société évolue, la justice et le législateur restent timorés, déplore Me Mécary, volubile, silhouette menue et cheveux courts.
L’annulation du mariage de Bègles l’avait ainsi conduite à saisir le Conseil constitutionnel. « Il a été extrêmement frileux et n’a pas rempli son devoir qui consiste à protéger les minorités face aux préjugés de la majorité », accuse l’avocate qui a saisi la Cour européenne des droits de l’homme. L’audience aura lieu à l’automne.
Pour elle « toutes les avancées obtenues sont le résultat de combats judiciaires ». Elle a d’ailleurs quelques victoires à son actif: répression d’actes homophobes, reconnaissance du partage de l’autorité parentale entre parent biologique et « parent social », adoption d’un enfant par un célibataire homosexuel.
Autres combats gagnés: la Cour de cassation a reconnu en 2010 un jugement d’adoption prononcé à l’étranger au bénéfice de la compagne de la mère. Dans la foulée, la cour d’appel de Paris a reconnu en février la validité de deux jugements d’adoption conjointe prononcés à l’étranger au bénéfice de couples d’hommes.
« Ce pas supplémentaire » vers l’égalité des droits avec les couples hétérosexuels « remet en cause la loi de 1966 qui n’autorise l’adoption qu’aux couples mariés », pense Me Mécary.
Mais le législateur semble également très « frileux » pour franchir le pas, constate l’avocate-militante.
« On a des assemblées parlementaires majoritairement tenues par l’UMP ». A un an des élections présidentielle et législatives, « je ne vois pas l’UMP déposer des textes sur ces questions », explique-t-elle.
« Sur le plan législatif ça ne peut pas bouger avant 2012 », pense l’avocate qui voit dans l’engagement politique une suite logique au combat judiciaire. « Ce que je gagne fait bouger les lignes mais a une portée limitée. La seule manière de faire changer la loi, c’est de rentrer en politique ».
Les élections régionales de 2010 lui ont permis d’y faire un premier pas. « Europe-Ecologie est venue me chercher en me proposant une place d’élue au Conseil régional d’Ile-de-France ». Mais la juriste voulait être candidate aux sénatoriales de septembre, estimant qu’elle « serai(t) beaucoup plus utile au Parlement ». Ce projet n’a pas abouti.
C’est donc au sein de la fondation Copernic, un think-tank de gauche dont elle est co-présidente, que cette proche d’Eva Joly prépare, dans la perspective de 2012, des meetings avec les partis de gauche.
Le mot d’ordre: « homos, hétéros, mêmes droits, mêmes lois » et un engagement formel sur la question des droits des homosexuels.