Manifestation au TGI après l’expulsion d’une avocate

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Clara Donizeau

Jeudi, plus d’une centaine d’avocats se sont réunis au TGI de Paris pour signifier leur mécontentement. Une semaine plus tôt, une avocate, Me Anna Salabi, a été expulsée manu militari lors d’une audience de conciliation à huis clos au tribunal d’instance. L’avocate a relaté la scène à plusieurs reprises : elle a fait «non» de la tête lors d’un interrogatoire de la présidente. Cette dernière, offusquée, a alors décidé de reporter l’audience, enjoignant à tout le monde de quitter la salle. Mais Me Salabi souhaitait obtenir auprès de la greffière les notes d’audience dans lesquelles sont inscrites les demandes de report. Refus de la présidente. Le ton monte et l’avocate réclame l’intervention d’un membre du conseil de l’ordre. Il n’aura pas le temps d’arriver que six policiers l’auront fait sortir de force.

Dans l’atrium du TGI, Me Salabi raconte avoir obtenu une interruption temporaire de travail (ITT) de deux jours après que les policiers l’eurent traînée par les chevilles et les épaules. «Rien ne pouvait justifier qu’on appelle les policiers pour l’expulser», dénonce Me Basile Ader, vice-bâtonnier du barreau de Paris. «Ce sont les droits de l’avocat et du justiciable qui ont été touchés», renchérit Marie-Aimée Peyron, le bâtonnier du barreau de Paris.

Selon les manifestants, cet événement est surtout le symbole de relations de plus en plus tendues entre magistrats et avocats. Me Ader insiste : «On ne se parle plus, on ne se connaît plus.» La raison ? Il l’attribue en grande partie à la «conception générale du nouveau tribunal» qui «tente de [les] mettre de côté» : restaurants non accessibles aux avocats, espaces privés réservés aux magistrats. Tous sont unanimes pour décrire un lieu froid où il faut en permanence utiliser des badges pour se déplacer, des interphones pour s’exprimer. Me Caroline Mecary parle même de «ségrégation spatiale» ou de «logique gestionnaire».

Dans un communiqué commun, publié en fin de journée, le bâtonnier et le président du TGI, Jean-Michel Hayat, annonçaient la tenue prochaine d’assises «consacrées à la relation avocats-magistrats-personnels de justice» pour trouver «des solutions d’apaisement».