Le Thalys à défaut d’aide à la procréation

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Catherine Mallaval

Les lesbiennes vont-elles continuer à prendre le Thalys ? L

e débat (mais a-t-il vraiment eu lieu ?) est tranché : non, les lesbiennes ne pourront pas bénéficier de l’assistance médicale à la procréation (AMP) et, plus précisément, d’insémination avec donneur. Elles devront donc concrétiser leur désir d’enfant en continuant à filer à l’étranger, notamment en Belgique et en Espagne.

Mais pourquoi ?

Oui, pourquoi, alors que dans un récent sondage (pour le Nouvel Obs ), les Français semblaient davantage favorables à l’AMP qu’à l’adoption, et qu’il s’agit là de la voie reine pour les couples de femmes voulant devenir parents ? Dans l’entourage de la garde des Sceaux, Christiane Taubira, on invoque les lois de bioéthique, selon lesquelles l’AMP est réservée aux couples qui souffrent d’infertilité ou risquant de transmettre une maladie grave à l’enfant : «Si on s’affranchit de cela, il faut inventer la PA, soit la procréation assistée sans visée médicale», moquent certains. Oui, mais comme le fait remarquer l’avocate Caroline Mécary, de nombreux pays européens ont fait sauter ce verrou. Le texte pourrait toutefois évoluer lors de son examen par le Parlement. Le chef de file des députés PS, Bruno Le Roux, a déjà fait part de son intention de déposer un amendement. Au sein du gouvernement, la ministre de la Famille, Dominique Bertinotti, et la ministre de la Santé, Marisol Touraine, souhaitent très clairement que l’AMP soit accessible à toutes.

Quant aux couples d’hommes désirant un enfant, actuellement ils doivent se débrouiller en douce. Et en passer par la bonne volonté d’une copine ou une mère porteuse à l’étranger. Aucun espoir de changement. Motif invoqué : la gestation pour autrui est aussi interdite pour les hétéros. Il est là impossible pour les gays de revendiquer l’égalité sur ce sujet.