Caroline Mécary pour la GPA, le public ne suit pas

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Le débat sur la famille au forum de Grenoble a rapidement dérivé sur les questions de la PMA et la GPA. Au grand dam de certains des spectateurs.

«J’ai une bonne nouvelle à vous annoncer. L’article 1 de la loi ouvrant le mariage aux personnes de même sexe vient d’être adopté». Dans le grand studio de la MC2, où le débat «Famille, je vous hais ! Familles, je vous aime !» touche à sa fin, quelques applaudissements retentissent. Plutôt timides. Caroline Mécary, elle, levant les yeux de son smartphone, ne cache pas sa satisfaction. L’avocate, membre de Europe Ecologie-Les Verts et conseillère régionale en Ile-de-France, milite depuis des années pour le mariage homosexuel.

«Le désir d’engendrement n’a rien à voir avec la sexualité»

Ça y est presque. Les couples homosexuels seront très bientôt en droit de se marier et, par là même, de prétendre à l’adoption d’un enfant. Finie, la famille traditionnelle. Désormais, les parents homosexuels bénéficieront, eux-aussi, d’un cadre légal pour élever leurs enfants. La reconnaissance tardive d’une pratique désormais courante, selon l’avocate : «La réalité est venue bousculer l’idéologie traditionnelle qui voudrait nous faire croire que la famille est composée d’un père, d’une mère et des enfants. Aujourd’hui, les familles sont diverses : recomposées, monoparentales, avec des parents de même sexe…»

Pourtant, le projet de loi laisse une question de côté : celle de la filiation des couples homosexuels. «Aujourd’hui, faire famille ne passe pas nécessairement pas la procréation naturelle», souligne Caroline Mécary. «Les couples homosexuels ont le même désir d’engendrement que les couples hétérosexuels. C’est un des désirs les plus communs, qui touche quasiment chacun d’entre nous. Avoir un enfant, c’est laisser une trace, ou même régler sa propre dette vis-à-vis de ses parents. La sexualité n’a rien à voir avec ce désir».

Amendement sur la PMA repoussé, GPA rejetée

Si l’adoption sera bientôt possible pour les couples homosexuels, ni la procréation médicalement assistée (PMA) ni la gestation pour autrui (GPA) ne sont à l’ordre du jour. L’amendement concernant la PMA a été abandonné du projet de loi initial et sera réexaminé lors d’un futur texte, plus général, sur la famille.

A raison, à en croire Caroline Mécary : «La PMA est ouverte depuis 1994 aux couples hétérosexuels, indépendamment du fait qu’ils soient mariés ou non. Donc il n’y a pas de rapport de cause à effet entre mariage et PMA».

Quant à la gestation pour autrui, le président s’y est de nouveau fermement opposé vendredi, en réponse au débat sur la circulaire Taubira appelant les magistrats à ne plus faire obstacle à la naturalisation d’enfants nés à l’étranger d’une mère porteuse. Au grand dam de Caroline Mécary.

«La France tient un discours paternaliste à ce propos. On veut contrôler ce que les femmes font de leurs corps. Mais les politiques de prohibition créent toujours des pratiques à la marge, dans des conditions problématiques», déplore-t-elle. «Je pense qu’on devrait laisser aux individus la liberté de décider d’eux-mêmes, tout en contrôlant cette pratique, comme aux Etats-Unis ou en Belgique, par exemple.»

«Une tribune plus qu’un débat»

Dans la salle, quelques grognements s’élèvent. «J’ai beau être favorable au mariage homosexuel, à la PMA et à la GPA, je regrette que ce débat ait été une tribune», lance une spectatrice. «J’aurais aimé qu’il y ait des contradicteurs». Il faut dire que la deuxième intervenante, Marion Athiel, militante au planning familial, diverge peu des opinions de l’avocate.

«Je n’ai pas vraiment d’avis sur la question», avoue un jeune homme au fond de la salle. «Mais je pensais assister à un débat, et ce n’en était pas un». Pourtant, pas un seul spectateur ne s’élève contre la PMA et la GPA. A croire que le public était davantage en quête d’une confrontation d’arguments, pour peut-être se forger un avis sur la question avant qu’elle ne soit abordée – dans le cas de la PMA, dans quelques mois, à l’Assemblée Nationale.